La corrélation directe entre l’accès à l’eau potable et le niveau de santé, de nutrition et autres indicateurs de développement est aujourd’hui largement reconnue. Sur cette base, le secteur conclut souvent qu’il est nécessaire d’allouer davantage d’investissements aux infrastructures (en milieu rural, principalement pour la construction de forages équipés de pompes à motricité humaine -PMH) et que l’usage des ménages suivra, guidé par la commodité et la qualité de l’eau.
Publié le: 06/02/2015
Comment expliquer que dans certains cas, l’existence de points d’eau formels ne garantit par leur usage par les ménages ?
Au Burkina Faso, bien que le taux d’équipement d’accès (sources améliorées ou SA) en milieu rural soit estimé à près de 78% et dans certains villages dépasse 100% (ce qui signifie que certains villages sont suréquipés), de nombreux villageois continuent de s’approvisionner à des sources non améliorées, ou dites traditionnelles (SNA) telles que les puits ou les eaux de surface, considérées comme impropres à la consommation ; pour satisfaire leurs besoins de base.
IRC a mené une enquête auprès de 521 ménages dans 6 villages des communes d’Arbinda et Gorgadji au Sahel, afin de comprendre les modes de consommation d’eau et les facteurs à l’origine des stratégies d’approvisionnement de ces ménages en majorité agro-pastoralistes.
Comme dans le reste du pays, les taux d’équipement varient de 66% à Tonga à 121% à Dalla et pourtant de nombreux ménages n’utilisent pas, ou pas exclusivement les PMH et couvrent une partie de leur besoins aux SNA.
56% des ménages s’approvisionnent seulement aux sources d’eau améliorées pour satisfaire tous leurs besoins de base)
23% des ménages combinent l’utilisation des PMH et des SNA pour satisfaire tous leurs besoins de base.
Un taux alarmant de 21% des ménages recourent exclusivement aux SNA pour satisfaire tous leurs besoins domestiques.
Les principaux facteurs, expliquant le recours aux sources non améliorées ont trait à la commodité et à la perception de la qualité de l’eau.
Distance et temps d’attente aux PMH : les ménages supportent jusqu'à 30 min d’attente aux PMH, mais au-delà, préfèrent se rendre aux SNAoù il n’y a souvent pas d’attente. Ce problème est renforcé par le recours aux PMH pour les besoins productifs (abreuvement du bétail et maraichage) et sociaux (construction de bâtiments), qui sont couverts aux PMH en l’absence d’alternative viable.
Perception de la qualité de l’eau : de manière surprenante, les ménages ayant recours aux SNA évoquent toujours la perception d’une meilleure qualité de l’eau (fraicheur et goût), comme facteur expliquant leur consommation. A l’inverse, ils indiquent être incommodés par la consommation d’eau aux PMH.
Les capacités financières des ménages n’expliquent pas les modes de consommation
Contrairement aux arguments souvent mis en avant, le prix de l’eau n’entre pas en compte dans les choix d’approvisionnement des ménages. En effet, tous les ménages présentent des capacités financières similaires, tandis que les ménages combinant les usages, sont à jour dans le paiement des cotisations.
Sur la base de ces résultats, certaines recommendations pratiques peuvent être formulées :
Encourager l’usage des PMH en améliorant le service offert :
Réduire le temps d’attente aux PMH :
Si certains de ces résultats confirment le sens commun (la commodité conduit à l’usage), d’autres vont à l’encontre des idées reçues dans le secteur (l’eau coute trop chère ou la qualité de l’eau conduit à l’usage). Tous cependant, confirment que pour être utilises, les services doivent répondre à une réelle demande des usagers.
Il est donc essentiel que le secteur s’attache à comprendre de manière plus systématique les usages, demandes et besoin des usagers et s’applique à adapter à la fois les standards du secteur à l’offre.
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