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Publié le: 29/12/2015

Juste H. Nansi et Célestin Badolo

Toute bonne gouvernance nécessite une connaissance objective des différents secteurs concernés. Elle (bonne gouvernance) repose sa clairvoyance sur des données qui non seulement doivent être consolidées périodiquement, mais aussi, mises à la disposition du public.

L'accès à l'information et la transparence représentent un des principes fondamentaux de l'approche fondée sur les droits humains, adopté par l'Etat Burkinabè dans la Politique Nationale de l'Eau révisée en 2015. Pour mettre en œuvre pleinement les droits humains, l'État et les partenaires d'appui au secteur de l'eau et de l'assainissement doivent être transparents et ouverts, en assurant le droit humain d'accès à l'information. Ceci est une partie intégrante de la réalisation de l'accès aux services d'eau et d'assainissement pour tous les individus (notamment les groupes défavorisés ou vulnérables) qui doivent être conscients de leurs droits, de comment les revendiquer, mais également de leurs devoirs. L'État doit donc s'assurer que les informations relatives aux normes en matière d'eau et d'assainissement, ainsi que les progrès vers l'atteinte de ces normes (performance de l'action publique), sont disponibles et accessibles, et que les mécanismes (y compris les options de fourniture des services) utilisés pour s'assurer que ces normes sont bien respectées sont disponibles et accessibles à tous et en particulier aux groupes défavorisés ou vulnérables. La transparence établit l'ouverture de l'accès à l'information sans la nécessité de demandes spécifiques; par exemple, grâce à la diffusion de l'information via la radio, Internet et journaux officiels.

Le constat au Burkina Faso est que l'information disponible sur le secteur de l'eau et de l'assainissement reste très peu accessible et que le citoyen lambda ignore les informations élémentaires sur l'action publique telles que les taux d'accès, les prix des services, les allocations budgétaires, etc. L'initiative Open Data portée par l'Agence Nationale pour la Promotion des TIC (ANPTIC) vient à point nommé soutenir le plaidoyer que mène IRC depuis 2012 au Burkina Faso pour une meilleure accessibilité au grand public, des données du secteur de l'eau et de l'assainissement. Aussi est-il logique qu'IRC apporte son expertise à l'ANPTIC pour mobiliser les parties prenantes afin d'établir un cadre de concertation et de synergie pour stimuler et améliorer la diffusion des données et informations dans le secteur de l'eau.

C'est ainsi qu'une rencontre s'est tenue les 7 et 8 décembre 2015 à Ouagadougou pour permettre aux professionnels des TIC d'échanger avec les acteurs et décideurs du secteur de l'eau et s'accorder sur un agenda de plaidoyer et d'actions de promotion de la diffusion des données. Pour M. Aly Traoré, Secrétaire Générale du Ministère chargé de l'eau et de l'assainissement, l'ouverture systématique des données et leur mise à jour régulière est une obligation de transparence pour cultiver la reddition de compte et la confiance démocratique entre les autorités et les citoyens. En plus de la reddition de compte, M. Juste Hermann Nansi, Directeur d'IRC Burkina, ajoute que « l'accès à l'information est essentielle pour la participation active et constructive de toutes les parties prenantes aux processus décisionnels dans le secteur : citoyens, opérateurs privés, bailleurs, etc. Selon M. Seidou Traoré, Spécialiste eau et assainissement de la Banque Mondiale qui soutient l'initiative Open Data, l'offre d'expertise de l'ANPTIC est une opportunité à saisir par les acteurs du secteur de l'eau car les besoins sont connus de longue date, des opportunités d'appui financier étaient offertes, mais il a manqué un cadre pour définir les solutions et porter leur mise en œuvre. Au-delà des difficultés techniques, des problèmes de procédures et de règles, des difficultés financières, les participants à cet atelier ont identifié comme principal frein, la culture de la rétention de l'information, ancrée dans les pratiques des professionnels de façon générale et celles des fonctionnaires de façon particulière. Selon l'un des participants, la logique prédominante est que « celui qui détient l'information pour lui, détient le pouvoir, alors que la nouvelle logique à promouvoir est que celui qui partage l'information est le plus méritant ».

Il y a donc lieu qu'avant toute chose, tous les acteurs s'engagent à promouvoir activement la culture du partage et de la diffusion des informations et données en brisant les réflexes de rétention d'information. L'initiative Open Data devra en plus développer des solutions techniques, mobiliser des ressources et les acteurs afin de définir les règles et mettre en œuvre des solutions concrètes de diffusion systématique et mise à jour régulière des informations et données sur le secteur de l'eau. Bien entendu, l'ANPTIC dans cette initiative ne peut apporter que son assistance technique, au même titre qu'IRC. Le portage même du processus incombe au Ministère en charge de l'eau. Pour en arriver à ce portage, un second atelier est envisagé avec les premiers responsables des services centraux du Ministère au début de l'année 2016. Ainsi, l'Etat Burkinabè continuerait à poser les jalons structurels pour l'atteinte de l'Objectif mondial n°6 pour le développement durable : « Assurer l'eau potable et l'assainissement pour tous et en permanence au plus tard en 2030 ».

 

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