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Publié le: 30/05/2014

L’installation de millions de pompes manuelles en Afrique n'est pas synonyme de développement. Quand il s’agit de renouveler ces systèmes, dix à trente ans après leur mise en service, aucune richesse ne s’est créée et, par conséquent, les fonds manquent pour les financer. On recourt donc à l’aide au développement, une fois de plus.

Notre propos n’est certainement pas que ces pompes manuelles n’auraient pas dû être construites. Elles sont très utiles dans les zones peu peuplées, où n’existe pas d’autre source d’eau ; sans conteste, elles aident les gens à survivre et remplissent donc une mission humanitaire. Ce genre de système maintient les bénéficiaires au-dessus du seuil d’urgence, et s’apparente davantage à de l’aide humanitaire qu’à du développement.

L’installation de pompes à eau manuelles maintient les bénéficiaires au-dessus du seuil d’urgence, et s’apparente donc davantage à de l’aide humanitaire qu’à du développement

De leur côté, des interventions humanitaires fournissent de meilleurs niveaux de service d’eau que l’aide au développement, parce que l’aide humanitaire tend à appliquer  les normes internationales sur la qualité et la quantité d’eau par personne par jour alors que ces normes sont loin d’être systématiquement respectées dans les zones rurales des pays destinataires d’aide au développement. Les actions humanitaires s’inscrivent clairement dans une dynamique du développement lorsqu’elles assurent aux réfugiés suffisamment d’eau pour leurs besoins domestiques et productifs, comme au Sahel burkinabé où l’approvisionnement en eau tient compte non seulement des besoins humains mais aussi de ceux du bétail – ou encore au Tchad, où il vise à permettre une agriculture vivrière et soutenir la transition de l’humanitaire vers le développement.

Les organismes d’aide au développement doivent définir clairement quand leur objectif est le développement, et se montrer plus critiques quant aux conditions du développement durable. Si ces conditions ne sont pas un tant soit peu respectées, alors il vaut mieux ne pas investir du tout, ou alors investir dans l'amélioration de ces conditions : systèmes efficaces de suivi-évaluation et de planification, régulation des gestionnaires de services, assurance qualité des pièces de rechange… – bref, investir dans la pérennité des services d’eau, car seuls des services pérennes sont conducteurs de développement. Pourquoi ne pas fixer, comme condition à tout prêt ou subvention, qu’au moins 50% des fonds dédiés à l’eau soient des fonds publics, ou que soient mis en place des systèmes de suivi-évaluation dans lesquels le gouvernement s'engage à investir ? Inversement, les gouvernements pourraient poser des conditions aux donateurs : consacrer 50% des fonds à développer les capacités sectorielles, plutôt que d’investir la totalité dans des infrastructures non pérennes et qui in fine ne se traduisent pas en développement durable ?

L’aide humanitaire est toujours provisoire ; elle crée des poches de développement, pareilles à des îles de succès éphémère dans un océan de problèmes. Mais le véritable critère du développement, c'est l’amélioration progressive des conditions régnant dans cet océan.

Gouvernements et organismes d’aide feraient peut-être bien de négocier plus durement les conditions dans lesquelles sont reçus – et attribués – les prêts et les subventions.

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