En 2013, la politique des Pays-Bas en matière d’aide au développement s’est réorientée vers le monde des affaires considéré comme le principal moteur d’une croissance durable au détriment de l’aide publique au développement.
Publié le: 01/09/2014
Dans cet échange, Christophe Leger de VERGNET HYDRO fait part de ses réflexions sur les liens de partenariats entre les ONG et les opérateurs privés pour plus de transparence et d'engagements dans la gestion des services de l'eau au profit des autorités publiques locales.
La plupart des services de distribution d'eau potable et d'assainissement sont financés par l'aide au développement. Mais pour rendre ces services durables, l'aide ne suffit plus. L'IRC est un ardent défenseur de l'approche service, non des dons sans lendemain. A cette fin, IRC plaide pour que l'accent soit mis sur le rôle des gouvernements et les besoins en financements publics. Mais le secteur privé a également un rôle important à jouer.
Dans le cadre de la journée qu'a organisée l'IRC sur le sujet des relations entre le monde économique et l'aide publique au développement des Pays-Bas, nous avons échangé avec Monsieur Christophe Leger, Directeur développement et projets de VERGNET HYDRO, une entreprise qui offre, dans les pays d'Afrique subsaharienne, des solutions d'approvisionnement en eau potable dans les zones rurales isolées. Nous lui avons demandé quels étaient les bénéfices d'un partenariat entre le secteur privé et les ONG pour offrir des services pérennes à des populations à faible revenu.
Au vu des ressources financières et techniques limitées que rencontrent tant les ONGs que les sociétés privées, Leger considère qu'il est absolument nécessaire et indispensable qu'ils renforcent et améliorent leur collaboration.
« Travailler ensemble et mutualiser nos ressources serviront l'objectif d'une utilisation plus efficace des ressources disponibles ».
Ainsi, pour la survie d'une société privée comme Vergnet Hydro, nous sommes dans l'obligation d'innover mais nous avons besoin de financement pour tester de nouveaux produits. Nous recherchons des ONG qui souhaiteraient ainsi s'engager sur la base d'un partenariat équitable. Cependant, le fait est que nous rencontrons des obstacles. Beaucoup d'ONG nous considèrent uniquement comme une entreprise seulement tournée vers le profit. Des programmes de financement comme la facilité eau portée par l'Union européenne ne nous sont pas accessible de par notre statut. Nous ne sommes donc pas autorisés à porter une proposition de projet. Dans l'esprit des organismes publics, des ONG, une société privée doit puiser dans des fonds propres, s'autofinancer. Or Vergnet Hydro est une PME de 25 personnes avec des ressources forcément limitées ».
De son point de vue, le secteur privé et le monde du développement ont pourtant le même objectif : la réalisation de services durables. L'approche de l'un et de l'autre paraît certes différente. « Mais au final, ces deux mondes sont responsables des services qu'ils ont livrés ».
Les entreprises privées sont dans la plupart des cas financées par des contrats qu'elles obtiennent avec les autorités publiques ou les collectivités territoriales. Elles engagent leur responsabilité vis-à-vis de ces pouvoirs publics. Les contrats sont suffisamment détaillés et définissent les objectifs que doit atteindre l'entreprise mais aussi les devoirs de chaque partie. Et dans ce contexte, personne ne semble remettre en question l'idée même que l'entreprise réalise un profit qui peut être utilisé pour la conception d'un nouveau produit, par exemple. Or, les ONG sont la plupart du temps financées par des fondations ou des grandes agences sans signer systématiquement des accords avec les autorités locales des pays où elles travaillent. Bien entendu, elles agissent dans l'intérêt des populations selon leurs besoins et dans un cadre de très grande connaissance mutuelle. C'est tout-à-fait louable et recommandable mais je ne crois pas que ce soit suffisant en termes de pérennité des actions et des services rendus. Les ONG devraient signer des accords avec les directions en charge de l'eau dans chaque pays. Pour une société privée, la transparence des relations avec les autorités publiques locales est indispensable » dit Leger.
Un accord de type partenariat public-privé peut permettre de bénéficier de l'expérience du secteur privé dans la recherche de solutions pour des services durables et responsables. Idéalement, ce partenariat doit reposer sur une confiance mutuelle, sur une logique « gagnant-gagnant » et sur le partage des expériences des experts de la société privée et de la société civile.
Leger est convaincu que ces deux mondes peuvent fournir ensemble des services de qualité pour l'eau et l'assainissement. « A court ou moyen terme, dans 5 ou 10 ans, nous tendrons vers des relations plus harmonieuses et équilibrées. Nous n'aurons pas immédiatement toutes les réponses à un partenariat efficace mais peut-être pouvons-nous commencer par définir des règles, un code de conduite qui conduiront à renforcer les liens entre monde du développement et monde des affaires ».
La journée de l'IRC qui a eu lieu le 17 septembre sur le thème « les limites de l'aide publique, l'avenir est privé ? » a été une bonne occasion pour réfléchir sur de nouvelles voies de coopération. Elle a mis l'accent sur les implications des mondes de l'aide au développement et des compagnies privées dans le secteur de l'eau, de l'hygiène et de l'assainissement. Elle a été pour les professionnels de l'eau un moment privilégié pour échanger, discuter, comprendre comment le sujet peut conduire à être traité différemment par les acteurs qui y travaillent.
Pour en savoir plus sur la journée IRC « les limites de l'aide publique, l'avenir au privé ? », suivez le lien ci-dessous.
Vergnet Hydro SAS est engagé dans la recherche de solutions pour approvisionner durablement en eau les zones rurales. Elle aide à couvrir les besoins vitaux des populations rurales en eau potable partout dans le monde en leur offrant des produits adaptés et innovants.
Depuis plus de 30 ans, Vergnet Hydro SAS a développé des relations fortes et efficaces avec des communautés, gouvernements, ONG, agences internationales, et des partenaires privés. L'entreprise a fourni, réhabilité et installé des réservoirs d'eau, pompes et a construit des réseaux d'adduction d'eau potable au Niger, Burkina Faso, Mali, Côte d'Ivoire, Bénin, Congo, Tchad et Indonésie dans les zones rurales et semi-urbaines. Elle opère, via une filiale locale, comme délégataire du service public de l'eau au Burkina Faso.
by Carmen da Silva Wells and Caridad Machín Camacho
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