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Publié le: 17/11/2014

Au Burkina Faso, l'eau est surtout considérée relevant du domaine des femmes, et normalement, ce sont les femmes qui sont entièrement en charge de trouver et fournir de l'eau pour leurs familles. Dans les régions ou l'eau est peu abondante, comme dans la région du Sahel au Nord du Burkina Faso, les femmes sont les plus touchées par la situation de l'insuffisance de l'eau. Paradoxalement, les femmes sont rarement consultées sur les décisions concernant l'eau.

Les femmes sont les plus affectées par une situation de pénurie en raison de leur rôle dans la fourniture d'eau

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les femmes devraient jouer un rôle plus important dans la prise de décisions sur les services de l'eau. La plus évidente c'est que les femmes sont les plus affectées par une situation de pénurie en raison de leur rôle dans la fourniture d'eau. La responsabilité de fournir de l'eau prend beaucoup de temps des femmes. Souvent, cela signifie marcher des longues distances à la recherche de l'eau, ou même de dormir à côté d'une pompe d'eau afin de s'assurer la possibilité de s'en procurer. Au-delà du temps que la cherche de l'eau prend aux femmes, le transport de grandes quantités d'eau est une tâche physiquement épuisante, et peut comporter divers risques pour les femmes. Une amélioration de l'accès à l'eau peut donc soulager les femmes de cette corvée, et aussi libérer du temps que les femmes peuvent utiliser pour d'autres activités productives, à commencer par une plus grande fréquentation de l'école pour les jeunes filles, et après, la possibilité de mener des activités génératrices de revenus. Ainsi, le simple accès aux services d'eau peut améliorer le bien-être des femmes à plusieurs niveaux. Cependant, l'implication des femmes dans les interventions liées à l'eau ne doit pas s'arrêter là.

Étant les usagers primaires de l'eau du pays, il semblerait logique de consulter les femmes sur certains aspects pratiques de l'approvisionnement en eau, surtout comme une source qui contribue à une planification éclairée sur les services d'eau en fonction de la demande et de l'utilisation. Pourtant, une étude récente menée par CARE International en collaboration avec IRC, réalisée dans le cadre du programme WA-WASH financé par l'USAID, suggère que cela est rarement le cas dans la région du Sahel au Burkina Faso, ce qui peut conduire à une mauvaise planification de plusieurs aspects pratiques de distribution de l'eau, telles que la localisation de nouvelles pompes à motricité humaine, une tarification réaliste de services, ou la prise en compte d'autres facteurs déterminants en ce qui concerne la consommation d'eau.

Au Burkina Faso 12 000 enfants de moins de cinq ans meurent annuellement de maladies liées à l'eau.

 

Cette même étude souligne comment le manque d'implication des femmes dans la région du Sahel a contribué au développement d'une variété de problèmes d'eau et d'assainissement constatés aujourd'hui. Pour commencer, même dans le cas où les pompes à motricité humaine fournissant de l'eau propre sont physiquement présentes dans ou autour des villages, il existe des preuves que les femmes recourent souvent à d'autres sources d'eau non potable à cause de problèmes d'accessibilité, des contraintes de temps, et même d'un manque de connaissances sur les dangers de la consommation d'eau non potable. Cela implique toutes sortes de problèmes de santé et ne contribue certainement pas à améliorer la situation actuelle au Burkina Faso où 12 000 enfants de moins de cinq ans meurent annuellement de maladies liées à l'eau.

Cependant, l'importance du rôle des femmes dans la prestation de services va encore plus loin, comme une étude réalisée par la Banque mondiale et IRC a démontré, qu'il existe une plus grande durabilité et efficacité dans les projets d'eau et d'assainissement conçus et gérés avec la pleine participation des femmes. En revanche, la recherche dans la région du Sahel identifie la persistance des rôles de genre comme un obstacle majeur à la participation des femmes. Même si les femmes dans les zones étudiées ont été incitées à devenir membres d'associations d'usagers de l'eau, un récent atelier lié à cette étude a souligné comment leur rôle traditionnel dans une société dominée par les hommes rend encore difficile pour les femmes à assumer un rôle participatif. Il est important de surmonter ces obstacles pour améliorer la participation des femmes. Cela implique la nécessité de découvrir et de traiter explicitement les restrictions socio-culturels rencontrées par les femmes, afin d'assurer une participation réelle dans la conception et la gestion des services d'eau.

Dans l'ensemble, l'inclusion des femmes dans la gestion des services devrait être reconnue en raison de son rôle important pour le renforcement de la durabilité des services d'eau dans le pays, mais aussi pour son potentiel en aborder les questions de genre quand l'approche est correctement mis en œuvre. Mettre l'accent sur ce que l'eau peut faire pour les femmes burkinabé est une étape importante vers l'autonomisation (empowerment) des femmes, mais elle est sujette à attirer seulement l'attention de ceux qui travaillent déjà dans le domaine des droits des femmes, et peut limiter l'étendue des travaux à la simple fourniture d'eau. Comme cela a été démontré au Burkina Faso, la participation des femmes et leur contribution à la gestion des services d'eau constitue un élément essentiel à la réalisation des services universels et durables dans le pays. Ceci est une question qui nécessite l'engagement de tous les acteurs œuvrant dans ce même but. Mais, une fois de plus, l'élimination des obstacles rencontrés par les femmes dans le secteur est une étape fondamentale pour la compréhension adéquate et la mise en œuvre du concept de «femmes pour l'eau», ce qui en même temps promet de garantir une amélioration de l'égalité de genre et la pérennité des services au Burkina Faso.

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