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Publié le: 25/03/2011

Pour se faire entendre, la courageuse femme bolivienne doit rivaliser avec les porcs qui grognent et les poulets qui gloussent.. En ce matin exceptionnellement chaud, la seule ombre que nous avons trouvée sur son patio est produite par une bananeraie. Gladys ne le sait pas, mais elle est célèbre. Le bruit qu'une femme a mis sur pied une entreprise de femmes au sein de son quartier m'est parvenu et je suis impatient de rencontrer la dame du «compost»Gladys Quispe

Écoute Gladys Quispe, madame ‘compost’ A San Pedro en Bolivie, une ville essentiellement peuplée de migrants provenant d'autres régions de la Bolivie, nous sommes là pour écouter, apprendre, et améliorer nos programmes d'assainissement. La ville est coupée du reste du monde 2-4 mois par an, lorsque le fleuve Pirai inonde les rives de sa houle. Presque toutes les maisons sont en bois ou en chuchillo, une plante locale qui me rappelle une gigantesque canne à sucre. Les hommes passent tous les jours de la semaine aux champs à s’occuper du riz, du soja, et de la canne à sucre.

Peu d’entre eux sont propriétaires de terres cultivées, et lors des deux dernières années, beaucoup ont vu leur production de riz se réduire, conséquences d’une météo irrégulière. Les femmes, et en particulier leurs filles, restent à la maison à s’occuper de tout ; Couper le bois avant de pouvoir cuisiner, stocker l'eau pour la lessive, et lutter sans fin contre la poussière.

Mère Nature a été particulièrement ingrate cette année, en portant les crues à des niveaux inédits depuis des années amenant une fièvre dengue hémorragique en plus de la fièvre dengue «ordinaire». Les marques du niveau d'eau sur les maisons racontent les histoires des inondations passées et les difficultés qui accompagnent la vie dans plusieurs mètres d'eau chaque année. En faisant l’état des lieux du domicile de Gladys, je me suis souvenue de l’inondation de notre sous-sol quand j'étais enfant. Nous avions une toilette au sous-sol, et elle a dû sûrement être inondée aussi.

Des inondations semblables se produisent à San Pedro, sur une base annuelle et elles ne sont pas résolues à l’aide une pompe d’assèchement et de deux parents grincheux. La plupart des maisons se composent de trois pièces distinctes, une chambre où la famille dort à 4-12 personnes, une cuisine où les femmes et les filles passent la plus grande partie de la journée à préparer et cuire des aliments au feu de bois, et enfin, le plus souvent dans un coin du lot - le plus loin possible, mais toujours sur la propriété familiale, une latrine à fosse simple entourée de trois murets, à hauteur de reins, et non couverte,. Je peux voir les marques des crues des dernières années sur les murets des latrines, celles dont le contenu a été répandu dans tout le quartier.

Confort et argent

Nous ne pouvons pas arrêter la pluie, mais nous pouvons l’empêcher de répandre le contenu des latrines dans les cuisines, les chambres et les maisons des voisins. Depuis plusieurs années, nous avons soutenu un programme d'assainissement écologique dans la région, dans lequel des toilettes à deux fosses alternées et surélevées ont été construites par la collectivité territoriale, la communauté, et avec l'appui de Water for People. Il était temps de jeter un coup d’œil et de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Gladys est une de ces femmes qui pensent au-delà de l’immédiat, et qui entrevoit comment l'assainissement écologique peut lui faciliter la vie, en plus d’avoir un espace privé pour se soulager, mais aussi pour encaisser de potentiels revenus plus qu’indispensables Gladys éclate de rire lorsque nous lui proposons des idées originales pour amener les hommes du quartier réticents à utiliser la latrine, alors que nous nous dirigeons vers le site de démonstration.

Depuis la première vidange de sa toilette l'an dernier, Gladys fait des expériences avec ses plantes et son engrais. Elle pense avoir trouvé la combinaison magique, après avoiressayé plusieurs types d'engrais sur une variété de plantes ornementales et des agrumes. Ses plantes sont contenues  dans des sacs de yaourt usagés et nourris aux d’engrais provenant de sa toilette. Elle ne voit pas petit, pourtant, cette mère de trois enfants âgée de 34 ans. Récemment, son groupe de femmes a remporté un prix de 30,000 Boliviano (4 200 USD) pour l'assainissement à des fins productives.

Elles ramassent le compost des voisins et ont commencé à vendre des plantes. Ses clients affirment que ses plantes sont plus grandes que les autres du même âge et depuis que l'entreprise a démarré, elle a attiré plusieurs centaines de boliviens. C’est la première année où elle commence à voir un retour sur certains de ses investissements et sûrement ce prix en espèces sonnantes et trébuchantes l’aidera à faire grandir l’entreprise.

Salle de bains

Pendant que nous déambulions nonchalamment, de maison en maison, sous nos parasols, nous nous arrêtons à un grand terrain qu’elle loue pour aménager une zone de production beaucoup plus importante. En avalant son chicha de maiz, elle indique le travail qu'elles ont déjà effectué et son l'enthousiasme pour ses projets d'avenir est contagieux. “Ese baño es una maravilla”  dit-elle, “no solamente no huele, es más sano, y me da unos bolivianitos.”  (Cette salle de bain est une merveille; non seulement elle ne sent pas mauvais, elle est plus propre et elle me donne un peu d’argent).

L’histoire de Gladys est un brillant exemple dans un océan de projets d'assainissement ratés, non seulement à San Pedro, mais aussi dans le monde entier. L'une des leçons apprise suite à la Décennie Internationale de l'Eau et de l'Assainissement des années 80, a été que la programmation de l'assainissement doit être déterminée par la demande des usagers. Gladys est une "pionnière", comme diraient les commerçants et la prospérité de son entreprise toilettes-engrais-plantes pourrait être le catalyseur local nécessaire pour convaincre les autres à utiliser leur salle de bain avec efficacité, mais également à récolter une partie des bénéfices "non conventionnels".

Récit présenté au concours de récits Source 2010 par Kate Fogelberg (KFogelberg@waterforpeople.org), Directrice Régionale, Amérique du Sud, Water for people (Cet article a été légèrement raccourci - il n’est peut-être pas nécessaire que nous le répétions pour chaque récit)

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