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Publié le: 18/08/2010

Nous sommes à l’embarcadère d’Abomey Calavi pour Ganvié. Un des plus beaux décors du monde. La verdure de la prairie qui borde la lagune, la fraîcheur  vespérale : tout y est un appel à l’aventure au large du lac Sô sur lequel se dresse à quelques dizaines de kilomètres, la commune de Sô Ava. Le soleil qui meurt là-bas à l’horizon fluvial, lance lui aussi un appel à spectateurs.

L'embarcadère pour Sô Ava au Bénin

  Ni le cri des oiseaux, ni le bruit sourd du marché mobile, ni les allées et venues de barques manuelles ou motorisées, rien n’enlève la joie à ce paradis local qui vous envahit.

Le lac et ses habitants se meurent Le paradis est aussi celui des femmes et adolescentes auxquelles les pêcheurs confient les produits de la pêche pour la commercialisation. Un recueil féminin de harengères plongées dans leurs halles de crabes, de carpes, de crevettes et d’anguilles. Les filles apprennent au fil du temps et au fil de l’eau auprès de leurs mères le mode de vie qu’elles vont transmettre à leur progéniture. Elles ne goûteront pas à la cravache de l’instituteur puisque l’école grande ouverte les attend désespérément.

Elles jettent les ordures là, urinent là, chantent là se réjouissent là puisqu’elles n’ont ni latrines publiques, ni robinets publiques. L’odeur et la poubelle de sachets, de bois, d’ordures de toute sorte qu’est l’embarcadère sont une preuve indélébile que l’eau du lac se pollue en douceur. Le show touristique des femmes d’ici n’est qu’un avant goût de l’univers à découvrir dans la profondeur du champ lagunaire: Sô Ava et ses splendides citées! Voilà pourquoi par un matin ou un soir, touristes et curieux emboîtent le pas. L’eau est divisée en terroirs où chaque famille habite et exerce ses activités de pêcheur. Les pailles et les arbustes qui encadrent les terroirs et permettent de contenir les poissons laissent leurs débris dans l’eau.

Remplacées par de nouvelles, les branches d’arbres et d’arbustes vont grossir les tas d’ordures et les milliers de tonnes de fèces au fond du lac. Toutes choses qui polluent l’eau et ralentissent l’évolution voire tuent des poissons. A cela s’ajoute les maladies liées à l’eau. Selon un rapport du ministère de la santé publique en 2006, les affections gastro-intestinales et les diarrhées constituent 11,4%  du total des affections et la commune de Sô Ava est un générateur majeur de ces maladies.

Un jour, un de ces jours, le tourisme va prendre fin parce que l’eau qui sauve ces populations et leur permet d’être le spectacle des touristes sera sans poisson et toxique. Avec près de 80 mille âmes, la commune de Sô Ava est une localité lacustre par excellence et célèbre pour son côté tourisme. Mais le trou au niveau de l’assainissement, de l’hygiène et de l’accès pour tous à l’eau potable terni -au moins aux yeux des activistes- l’image de cette immense commune voisine de Cotonou.  

Quelques interventions Au Bénin, plusieurs organisations de la société civile comme,  la coalition WASH, POPDEV Bénin, CREPA Bénin, PNE Bénin entre autres, sensibilisent au niveau national sur l’eau, l’hygiène et l’assainissement (EHA). Ici dans la commune de Sô Ava, l’organisation à base communautaire La Boussole de la Cité (BC ONG) sensibilise les populations en partenariat  avec la Coopération canadienne.  Créée en 2003, BC ONG informe les populations et les mobilise pour des solutions collectives aux problèmes inhérents à l’EHA à Sô Ava avec pour cible les villages de Sô Ava Centre, Houédo Aguékon, Dékanmey, Vèkky, Sô Tchanhoué, Sô Zounko. En 2007 une Campagne a rassemblé quelques 720 personnes dont 250 femmes autour des défis de l’EHA. Dans chaque village, plus de 120 personnes ont participé aux séances. Les organisations à base communautaire ont été formées et dotées de kit de sensibilisation en la matière.

Les séances de sensibilisation sont suivies de campagnes de salubrités publiques au cour desquelles des déchets solides ménagers ont été sortis du lac, groupés et enfouis dans le sol sur terre ferme. Plusieurs creusets de réflexions ont été organisés y compris un « Forum des acteurs du secteur de l’EHA à Sô Ava » qui a rassemblé en Août 2008 des centaines de gens dont les organisations à base communautaires, Advocacy, Le Défi, FéDéLac, Relai du Défi, AJEP Hwenusu et BC ONG entre autres de même que les autorités politiques, administratives et les populations lacustres.

La grande difficulté de cette intervention est la gestion des ordures collectées. Où les remettre après les avoir retirés du lac ? Il faudra peut-être les traiter et les recycler. Néanmoins, les sensibilisations de BC ONG ont permis de susciter  et de mesurer l’engouement des populations pour l’eau, l’hygiène et l’assainissement. Hommes, femmes, jeunes et moins jeunes ont compris le lien de l’hygiène, de l’assainissement et de l’eau potable avec la santé. La masse populaire a compris que jeter des ordures nuit à l’environnement et à la biodiversité.

Auteur : Pacôme Tomètissi (tometissi@gmail.com)

Concours: raconter une histoire pour la fierté et pour un prix.

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