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Publié le: 28/03/2013

André P. NONGUIERMA, Directeur régional de l'agriculture et de l'hydraulique du Centre-Sud

Autant  le dire, André P. NONGUIERMA, Directeur régional de l'agriculture et de l'hydraulique du Centre-Sud, n’est pas avare en solutions radicales. Ses idées pour résoudre les problèmes d’assainissement et d’hygiène publique tranchent avec le discours feutré et empreint de bienveillance du secteur. Mais si la forme paraît brute, le fond est cohérent et offre des solutions encore inexplorées. Rencontre avec un « empêcheur de tourner en rond » !

Après deux jours des travaux de l'atelier sur la revue conjointe 2013, quelles appréciations faites du déroulement des échanges ?

J'apprécie positivement le climat de travail qui règne. Vous savez que cette rencontre permet à tous les acteurs d'échanger librement et directement sur les questions cruciales qui minent la bonne marche du programme de l'eau et de l'assainissement. Toutes les thématiques présentées jusqu'à présent sont suffisamment claires, les problèmes sont connus et il reste à bien mener la réflexion pour trouver des solutions idoines et adaptées afin de faire avancer le programme.

En matière d'eau et d'assainissement justement, quel constat faites-vous sur la problématique, surtout en milieu rural ?

Mon constat est que les latrines sont mal réalisées, ce qui joue bien entendu sur le taux de fréquentation, qui est très bas d'ailleurs. Je crois que c'est un endroit où l'on doit être à l'aise. Et si ce n'est pas le cas, si l'endroit est même répugnant de part l'environnement et l'atmosphère, il ne faut pas demander aux gens d'y aller. Il est donc capital de trouver une solution pour amener les gens à aller dans les latrines avec plaisir.

Dans une telle situation, qu'elle solution préconisez-vous ?

Je pense que la technologie utilisée est à revoir, il faut l'adapter à notre milieu. A l'heure actuelle nous avons une technologie moderne qui n'est pas adaptée au milieu rural. Il faut adopter une technologie simple très ventilé et facile d'entretien, parce que ce sont des latrines dont l'entretien demande beaucoup d'eau alors que c'est une ressource insuffisante en milieu rural. C'est une équation difficile à résoudre, quand on n'a pas de l'eau pour boire, où est-ce qu'on va en trouver pour entretenir ces latrines là? Voilà le problème !

Vous proposez de conditionner la délivrance de certains documents administratifs par la construction préalable de latrines. Pensez-vous que cette idée soit porteuse ?

J'ai constaté que c'est ce qui se fait dans les grands centres urbains. A manga qui est une cité, le taux de fréquentation des latrines est de 1%, ce qui n'a rien à avoir avec l'urbanisation. Ce qui veut dire qu'il y a beaucoup de parcelles qui n'ont pas de latrines, donc je pense que c'est une bonne démarche, ça peut être une solution pour amener les gens à réaliser des latrines. Aussi, je pense qu'on ne pourra obtenir des résultats que par des mesures coercitives dans cette opération en milieu rural. C'est encore la brousse et les gens sont toujours tentés d'y aller gratuitement. Mais en termes d'objectif visé, notamment de réduction des maladies liées à la défécation en plein air, il faut trouver des mesures contraignantes, à mon avis.

Vous parlez de mesures coercitives, mais on entend plus la sensibilisation. Comment voyez-vous les actions à mener pour atteindre les objectifs poursuivis ?

Sans mesures coercitives douces, je pense qu'on n'arrivera pas atteindre nos objectifs. Nous sommes dans un milieu où les gens pensent toujours économie. On préfère économiser 50 F CFA et uriner à l'air libre contre un arbre, plutôt que de se dire que notre acte peut amener quelqu'un à dépenser des milliers de francs pour se soigner. C'est ça la réalité. Je crois qu'il y a un gros travail de refonte des mentalités à faire, ce n'est pas de la sensibilisation, mais c'est la mentalité qu'il faut attaquer pour que les gens changent de comportement.

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