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Publié le: 25/08/2011

Les maladies hydriques sont la troisième cause de mortalité infantile dans le monde et spécifiquement au Burkina Faso où le taux est parmi les plus élevés : 91 pour mille en 2009. Les causes évoquées pour expliquer la recrudescence de ces maladies sont la méconnaissance des comportements hygiéniques et l’insuffisance d’accès à une eau potable.

Pour lutter contre ce problème, l’Etat a augmenté le taux d’accès à une eau de qualité en milieu rural par la construction de forages. En effet la ressource souterraine, moins exposée aux aléas climatiques, est en général de meilleure qualité que les eaux de surfaces.
Cependant, l’UNICEF a observé un effet minime sur la santé des populations.

Une étude sur le suivi de la qualité microbiologique et physico-chimique de l’eau le long de sa chaîne d’approvisionnement (puisage/transport/stockage) couplée à une étude comportementale sur les pratiques d’hygiène liée à l’approvisionnement en eau a été menée par l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE) pour le compte de l’UNICEF.
De façon spécifique les objectifs de cette étude sont :

  1. Mesurer les impacts des formations sur l’hygiène données précédemment par des ONG locales
  2. Etudier la qualité de l’eau le long de sa chaîne d’approvisionnement
  3. Identifier les facteurs pouvant altérer la qualité de l’eau
  4. Etablir un lien statistique entre la qualité de l’eau et la vie des ménages
  5. Proposer des améliorations au niveau du transport et du stockage de l’eau 

Méthodologie

Cette étude de quatre mois (du 20/02/2011 au 17/06/2011) est menée sur dix villages de la Province du Ganzourgou, région centrale du Burkina Faso, cinq ayant reçu une formation sur l’hygiène générale (90 femmes formées par village), et cinq ne l’ayant pas reçu. Le but est alors de mesurer l’impact de la formation sur la qualité de l’eau. Puis une phase d’enquête est réalisée dans chaque village sur un échantillon de 40 ménages. Le questionnaire comprend  deux volets : un premier sur le comportement général face à l’hygiène et un second  sur les connaissances, les pratiques et la perception de la chaîne d’approvisionnement en eau.

Le but est l’analyse comportementale de la population dans le domaine de l’hygiène et de leur rapport à l’eau. Une seconde partie se focalise sur la qualité de l’eau. Un échantillonnage des différents forages permet de caractériser la qualité de l’eau à la source d’approvisionnement. Puis sur dix des quarante ménages, deux échantillons sont prélevés : un après la phase de transport et un en fin de stockage (avant réapprovisionnement).

Une femme transportant de l'eau. Photo Edouard Lehman

Une femme transportant de l'eau. Photo Edouard Lehman.

Le but est de caractériser la qualité de l’eau sur l’ensemble de sa chaîne d’utilisation (source, transport et stockage). Les paramètres analysés sur ces échantillons sont essentiellement des paramètres microbiologiques (coliformes totaux, escherichia coli et streptocoques fécaux) indicateurs de contamination par des germes pathogènes à l’origine des maladies hydriques

Résultats

Les résultats de ces analyses sont recoupés de manière statistique avec les résultats des enquêtes, afin de dégager un ou plusieurs liens entre les pratiques et usages de l’eau et la recontamination microbiologique.

Au niveau de la qualité des eaux de forages, les analyses prouvent que ces sources d’eau sont en majorités exemptes de contamination (82% des forages analysés sont exempts de bactéries). En comparant la qualité de l’eau (transport et stockage) des ménages formés sur l’hygiène avec celle des ménages non formés, on note un impact peu prépondérant de ces formations sur la conservation de la qualité de l’eau (qualité similaire des eaux).

La phase de transport n’est pas la plus problématique. Dans 64% des cas, la qualité de l’eau est conservée après le transport. Pour les 36% de contamination, la présence de germes est due à l’utilisation de bidons de transport à entrée étroite, donc difficile à nettoyer efficacement et montrant le développement d’un biofilm et d’algues sur les parois.

 La phase de stockage est la plus problématique. L’analyse croisée des résultats des analyses microbiologiques et des réponses aux questionnaires a mis en lumière les principaux usages responsables de ce fait. L’accessibilité de l’eau stockée aux animaux et aux enfants est un facteur de contamination certain. Le mode de puisage par le biais d’un gobelet entraîne aussi une mise en contact  de micro-organismes du milieu avec l’eau. Enfin, la propreté du récipient ainsi que l’hygiène du ménage ont un impact réel sur la qualité de l’eau.

Des solutions

L’étude a montré que la qualité de l’eau fournie par le forage est relativement bonne, mais qu’elle se dégrade au cours du transport et surtout pendant le stockage au niveau des ménages. Les formations à l’hygiène sont un bon point de départ pour sensibiliser les populations à la préservation de la qualité de l’eau, mais elles ont un impact limité sur ce facteur. Les phases de transport et de stockage sont donc à optimiser. Un transport dans un contenant à large entrée permettrait un nettoyage plus efficace. Une meilleure protection du récipient de stockage limiterait l’accès des enfants et des animaux. Il pourrait être utile de stoker l’eau à une hauteur d’un mètre et de la puiser par le biais d’un robinet, afin d’éviter le contact de l’eau avec des objets ou utilisateurs extérieurs.

Enfin, dans l’objectif d’obtenir une qualité de l’eau en fin de chaîne répondant aux critères de l’OMS, un traitement de l’eau à domicile semble inévitable. Il conviendrait que l’UNICEF et les grandes ONG travaillant dans ce domaine prennent conscience de ce critère.  

Franck Lalanne (franck.lalanne@2ie-edu.org]), Chercheur Postdoctorant, Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement (2iE)

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