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Publié le: 05/07/2012

Parmi la multitude d'acteurs qui se sont mobilisés pour l'accueil des réfugiés maliens au Burkina Faso, OXFAM s'est positionnée en tant que leader dans le domaine de l'accès à l'eau et à l'assainissement. Simone Carter et Papa Konaté respectivement agent technique et responsable du programme action humanitaire de l'ONG expliquent les difficultés qu'ils rencontrent sur le terrain.

Quelle est la situation aujourd'hui en matière d'eau et d'assainissement dans les camps de réfugiés maliens du nord du Burkina Faso ?

En ce moment  le Burkina Faso accueille plus de 65 000 réfugiés répartis sur 4 camps officiels. OXFAM est arrivée début avril sur le terrain, à peu près en même temps que les autres ONG. A cette époque, le nord du pays comptait déjà près de 20 000 réfugiés qui n'avaient pour seules sources d'eau que les marigots. Depuis nous avons mis le site de Damba aux normes sanitaires du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR). Celui de Mentao s'en approche. A Fererio, les conditions de travail particulièrement difficiles ne nous permettent pas d'avancer correctement et enfin à Gandafabou, où Help et Plan Burkina interviennent, rien n'a été fait. Ces 3800 réfugiés n'ont aucun accès à l'eau potable. Toutefois nous venons d'équiper un cinquième site, à Goudoubo, qui est prêt à accueillir 5000 personnes.

Quelles sont les différentes étapes dans la mise en place d'accès à l'eau et à l'assainissement dans de telles conditions d'urgence ?

Les réfugiés se sont pour la plus part installés sur d'anciens camps qui datent des années 92 - 96. Malheureusement les structures abandonnées depuis la fin de la crise malienne des années 90 ne peuvent pas être réutilisées ni remises en état. Il a donc fallu, dans un premier temps, réhabiliter d'anciens forages. Des camions citernes de 12 et 14 m3 transportent vers les camps de l'eau de forages parfois puisée à 50km de là. Help a aussi apporté 2 réservoirs de 30m3, dont il faut traiter l'eau pour la rendre potable.

A Fererio, nous construisons maintenant un système d'adduction d'eau de 8km de long, avec 6 rampes de 6 robinets chacune. Ce sont 9000 personnes qui pourront ainsi être desservies en eau potable.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans vos activités ?

Tout d'abord, la topographie même des sites s'avère être dans certains cas un frein terrible à l'aide apportée aux réfugiés. Par exemple, un site comme Fererio, où nous travaillons avec Help et Plan Burkina, est très difficile d'accès. En saison des pluies, les camions qui transportent les matériaux de constructions ne peuvent y accéder et doivent être relayés par des pick-up. La terre y est tellement dure qu'un marteau piqueur qui peut habituellement creuser quatre fosses de latrine par jour n'en creuse qu'une seule. Cela a des répercutions sur la vitesse d'exécution mais aussi sur les budgets. La fosse coûte ainsi 250€ à réaliser, au lieu des 175 habituels. Nous rencontrons aussi des difficultés à nous ravitailler en chlore. Ce produit chimique, indispensable à la potabilisation de l'eau est introuvable au Burkina Faso, il faut l'importer.  Et aux douanes burkinabè, les démarches sont compliquées et longues. Nous avons des dalles de latrine en plastique qui y sont bloquées depuis 10 jours maintenant.

De quoi avez-vous le plus besoin maintenant pour avancer ?

D'argent. Nous sommes financés par l'Union européenne et le SIDA. L'envoi de financements par les pays occidentaux a été annoncé. Mais ils devront être répartis entre les différents types d'actions humanitaires. Selon nos estimations, au moins 700 000€ sont encore nécessaires pour fournir un accès à l'eau et à l'assainissement à tous les réfugiés dont le nombre est difficile à connaitre avec précision.

Quelle est votre plus grande crainte ?

Au Niger, le HCR dénombre 2000 personnes touchées par le choléra.  Ce matin, RFI a annoncé la mort de deux malades du choléra au Mali, près de Gao. Au Burkina Faso, pour l'instant, la maladie ne semble pas s'être manifestée. Mais les populations maliennes réfugiées au nord du pays font de nombreux aller-retour entre leur région et les camps burkinabè. Ils deviennent de potentiels vecteurs de la maladie. Donner aux réfugiés un accès à de l'eau potable et à des structures d'assainissement, est une nécessité qui pourrait prévenir d'une éventuelle prolifération de la maladie dans la sous région. Devons-nous attendre d'avoir les premiers morts pour faire quelque chose ?

Propos recueillis par Anne MIMAULT

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