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Publié le: 30/11/2015

Juste Hermann NANSI et Christelle PEZON

L'universalisation de l'accès à l'eau potable se fera grâce aux énergies renouvelables ou ne se fera pas. D'abord parce que la période qui s'ouvre programme le déclin des énergies fossiles au profit des énergies vertes. Ensuite, et surtout, parce que disposer d'énergie « gratuite » en fonctionnement est la clé de la gestion équilibrée (viabilité et accessibilité financière) de services d'eau potable universels, durables et équitables.

La fourniture d'eau potable aux 12 millions de Burkinabè qui vivront en milieu semi-urbain d'ici à 2030 (soit un Burkinabè sur deux) peut s'effectuer à un tarif inférieur de moitié avec l'énergie solaire par rapport à l'énergie fossile (thermique). Ce tarif serait durable et équitable : les Burkinabès paieraient le même prix qu'en milieu urbain et les opérateurs de service dégageraient un bénéfice justifié par les risques d'exploitation (taux de marge ou bénéfice/chiffre d'affaires de 15%). Avec l'énergie thermique, fixer des tarifs équitables impliquerait des pertes pour les opérateurs supérieures à 100 milliards FCFA en 15 ans. Avec l'énergie thermique, il faut maintenir les tarifs actuels appliqués dans les zones semi-urbaines, unanimement jugés inéquitables, pour universaliser l'accès à l'eau.

L'accès universel et équitable à l'eau potable est donc conditionné par une politique de développement des services d'eau potable axée sur l'adoption d'énergie renouvelable (notamment l'énergie solaire). Cette politique a un coût : elle suppose d'investir 330 milliards FCFA en 15 ans alors qu'un recours persistant au thermique (énergie fossile) se suffit de 133 milliards FCFA d'investissement sur la période. L'universalisation d'un accès équitable et durable à l'eau potable entraine un supplément d'investissement de 17000 FCFA par Burkinabè. Qui oserait dire que c'est trop ? Est-il réellement plus facile, dans un contexte marqué par des préoccupations environnementales grandissantes et une aide au développement qui s'essouffle, de mobiliser 133 milliards FCFA pour délivrer une eau chère et inaccessible à tous plutôt que 330 milliards FCFA pour une eau accessible à tous ?

La COP 21 qui s'annonce à Paris est une opportunité pour marquer la communauté internationale par rapport aux avancées de l'Etat burkinabè dans la réflexion pour promouvoir le développement des services d'eau potable avec l'énergie solaire. Au-delà de la pertinence de ce choix par rapport à l'ambition d'universaliser l'accès à l'eau potable, il s'agit aussi d'une stratégie de positionnement pour attirer des investissements des acteurs du secteur des énergies renouvelables, au profit du secteur de l'eau. Dans la perspective de l'amenuisement de l'aide classique au développement, il est plus que judicieux pour l'Etat burkinabè d'anticiper et de développer des partenariats innovants, de saisir les nouvelles opportunités qui s'offrent pour répondre à ses besoins. A cet effet, il est indiqué que les ambitions du secteur de l'eau soient bien intégrées et mises en lumière dans l'agenda du gouvernement burkinabè à la COP 21 et que toutes les tribunes pertinentes soient saisies par tous les officiels pour assurer ce plaidoyer.

IRC se tient à la disposition des autorités et de la société civile burkinabè pour approfondir la réflexion et accompagner la mise en œuvre de ce plaidoyer.

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