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Publié le: 26/08/2011

Zone enclavée de par sa situation géographique, les îles du Saloum sont situées dans la région de Fatick,  arrondissements de Fimela et Niodior. Dans les îles du Saloum, assez marécageuses, se pose paradoxalement un problème d’eau douce pour les populations.  Le problème est d’autant plus aigu que les eaux environnantes sont salées (eau de mer). Les puits traditionnels, exploitant des lentilles d’eau douce,  sont  rarement utilisables durant toute l’année à cause de leur pollution par les eaux saumâtres sous jacentes. Pour venir en aide à ces populations confrontées à un manque d’eau notoire et à un problème d’accessibilité, la Fondation RAIN, qui est un réseau international dont l’objectif est de rendre l’eau plus accessible aux couches vulnérables des pays en voie de développement à travers la collecte et le stockage des eaux de pluie, en rapport avec la représentation nationale du CREPA (Centre africain pour l’eau potable et l’assainissement) et d’autres ONG comme ASRADEC, ACTION-AID, CCF, CARITAS au Sénégal, ont, de 2006 à 2010, mis en place un projet  de collecte des eaux de pluie dans 5 localités des îles du Saloum.

En vue de contribuer à l’atteinte des OMD dans le secteur de l’AEP, la Fondation RAIN s’est fixé comme objectif la réalisation de systèmes de captage d’eau de pluie avec une capacité de stockage globale estimée, au Sénégal, à 8 000 m3 d’ici à 2010.

La formation des maçons et des techniciens des cinq ONG sélectionnées par RAIN  (CREPA, ASRADEC, ACTION-AID, CCF, CARITAS) aux techniques de construction des systèmes de captage d’eau de pluie – CEP a été le point de départ de la mise en œuvre. Cette formation a été assurée par le CREPA-Burkina Faso.

Cette formation des ONG  aux techniques de construction de CEP s’est déroulée à Ndangane dans un site de la Représentation nationale  Sénégal  dans la Région  de Fatick où 4 CEP de 10 m3  qui ont été construites. 

Cette formation des ONG en 2006 a marqué le début  du programme. La phase de mise en œuvre dans une grande échelle démarrée en 2008, a permis aux ONG de répondre aux appels à projets lancé chaque année par RAIN. Ainsi, chaque ONG soumettait son projet en fonction des critères de RAIN pour le choix des sites et des bénéficiaires.

Le choix du site est généralement guidé par RAIN qui s’oriente vers le milieu rural généralement dans les zones de type 3, là où les forages ou les puits sont polluées (salées, arsenic, nitrates, fluorure…)

Dans les villages bénéficiaires du projet, donc présentant les mêmes caractéristiques, la sollicitation est tellement forte que les deux années de mise en œuvre  pour les  villages de Mar Lodji et de Simal n’ont  pas permis de couvrir l’ensemble des concessions . Le besoin est réel car n’ayant pas d’autres alternatives que les CEP, les villages n’ont  pas de forage, ni de réseau d’approvisionnement en eau. Les  seuls puits qui existent offrent une eau salée et saumâtre.

Au niveau national, quatre organisations partenaires ont réalisées ces systèmes de collecte d’eau pluviale dans différentes zones d’intervention.

Durant la mise en œuvre des ces CEP, les capacités des relais communautaires ont été renforcées  sur les mesures à prendre pour garantir la qualité de l’eau et assurer la durabilité des systèmes CEP. Des outils ont été confectionnés pour la sensibilisation des bénéficiaires sur l’hygiène, l’entretien et la maintenance des CEP. Ces outils ont été inspirés par le manuel de l’utilisateur conçu par le CREPA-Burkina en partenariat avec la fondation RAIN.

Des comités de gestion ont été mis en place pour assurer la pérennisation des CEP. Les membres du village cotisent et cet argent est gardé en caisse et servira à régler les éventuelles pannes. 

Contribution des ouvrages à l’atteinte des OMD

Un des Objectifs du millénaire pour le développement étant de diminuer le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable en 2015, les organisations de mise en œuvre au Sénégal (des ONG) avec l’appui de la fondation RAIN ont participé activement à cette activité par la mise en place de CEP de ces localités citées en haut pour un total de 6 942 m3.

Dans les zones qui ne disposent pas de forages ou de réseau d’adduction d’eau potable, ces systèmes de collecte d’eau pluviale  peuvent servir comme alternative d’eau de boisson. Ce qui fait au niveau des îles du Saloum, la demande est assez forte.  Les femmes qui faisaient des kilomètres  pour aller chercher sur la terre ferme (à Sokone par exemple) se contentent d’économiser les eaux de la CEP qui peuvent aller jusqu’au mois de mai pour certaines familles.

Analyse et traitement d’eau des CEP

En décembre 2010, l’ONG Caritas a effectué l’inspection de 45 impluviums ainsi que le prélèvement et l’analyse de la qualité de l’eau de ces impluviums. Il ressort de l’interprétation des résultats que les paramètres physico- chimiques déterminés sur les 45 échantillons d’impluviums sont conformes aux normes de potabilité de l’eau.

Néanmoins, pour des mesures de précaution la désinfection solaire (SODIS) et la javellisation sont  conseillées aux bénéficiaires de même que l’ébullition afin de parer aux risques de contamination qui peuvent provenir d’une mauvaise gestion de la CEP.

Satisfaction des populations bénéficiaires et perspectives 

La population est très satisfaite du projet, même pour une augmentation du taux de contribution financière (actuellement 10 %), elles sont prêtes à débourser pour d’autres CEP.

Les villages environnants ne cessent également de manifester leur désir  d’adhérer aux programmes  RAIN. Tout dernièrement, un enseignant d’un village de la communauté rurale de Djilasse du nom de Soudiane Théléme a pris contact avec l’équipe du CREPA pour leur manifester tout leur souhait d’accueillir un tel programme de la fondation RAIN qui offre aux populations une alternative d’acquérir de l’eau de boisson autre que les puits qui présentent des eaux saumâtres ou salées.  Ce village se situe à 7 km de la route, non situé sur les îles. Au cours de la rencontre, il a eu à parler des difficultés que rencontrent les villageois pour se procurer de l’eau de boisson. Ils parcourent près de 5 km pour puiser l’eau de consommation. Les puits, très profonds, offrent des eaux saumâtres. La taille de la population est estimée à 2 000 habitants. Pendant l’hivernage, le village est inaccessible.

En conclusion, une CEP bien entretenue ne présente aucun risque pour la consommation en eau de boisson, et ainsi il peut venir compléter la gamme des technologies d’adduction d’eau potable dans les zones enclavées.

Gueye Khadidiatou Deme (crepa@orange.sn), chef du service technique au CREPA-Sénégal.

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