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Publié le: 11/04/2011

Dans les pays en voie de développement, approximativement un ouvrage sur trois ne fonctionne pas ou a un rendement inférieur au niveau prévu. Ce constat représente des centaines de millions de dollars d’investissements perdus et implique  que des millions de gens doivent  se tourner vers des sources lointaines pour puiser une eau insalubre pour leur consommation, et ce au détriment de leur santé, de leur éducation et leurs moyens d’existence.

Bien que l’absence de durabilité ses conséquences pour la réalisation des OMD soient reconnues, les mesures concrètes pour y faire face sont beaucoup moins claires. Triple-S, une initiative de l'IRC financée par la Bill et Melinda Gates Foundation a récemment conclu une étude sur les facteurs qui contribuent ou qui contraignent la fourniture de services d'eau durables en milieu rural à l'échelle appropriée dans13 pays.
 
L'étude, qui a examiné les tendances d'approvisionnement en eau en milieu rural au Bénin, au Burkina Faso,  en Ethiopie, au Ghana, au Mozambique, en Afrique du Sud, en Ouganda, en Inde, au Sri Lanka, en Thaïlande, en Colombie, au Honduras et aux États-Unis montre que de nombreux pays passent d’une approche centrée sur les infrastructures à une approche de fourniture de services, approche qui appuie une fourniture fiable et continue de services d'eau en milieu rural. L'étude a également révélé un certain nombre de limites communes à l’ensemble des pays. 

Prendre en compte l’ensemble des coûts
L'une des lacunes critiques est l'absence de connaissances sur les coûts à long termes de ces services. Ces coûts comprennent les investissements, les coûts de fonctionnement, de renouvellement et de réhabilitation, en plus des coûts d'appui direct et indirect et des coûts du capital pour le remplacement des actifs. Même aux Etats-Unis, les prestataires de services d’eau en milieu rural doivent utiliser plusieurs sources de financement, prêts bonifiés et de subventions auprès des autorités locales et fédérales pour couvrir les coûts de renouvellement et de réhabilitation des ouvrages.  
 
Dans plusieurs pays étudiés, les communautés doivent attendre qu’une  panne importante se produise avant de faire appel à l’administration locale, à l'ONG qui a réalisé le projet initial, ou à un bailleur de fonds. Ces derniers n’étant pas rapidement mobilisables, les interruptions de services se prolongent ou deviennent permanentes. Le Burkina Faso est l'un des rares exemples d'une approche structurée pour le financement des opérations de renouvellement et de réhabilitation. Un groupe de 40 petites villes et villages ont mis en commun leurs ressources, ont contracté un opérateur privé pour l’entretien des ouvrages, et ont institué un fond de roulement pour couvrir les dépenses importantes.

 
En outre, l'étude a montré que le financement de l’appui post-construction, l’appui aux communautés, aux collectivités territoriales et aux plateformes sectorielles est à peine pris en compte, même si ces fonctions se sont révélées être fondamentales pour la fourniture de services fiables. L’un des maillons faibles de la prestation de services durables en milieu rural semble être les cadrages financiers  qui ne tiennent pas compte de tels coûts.

Coordination de tous les acteurs
L'harmonisation et la coordination des différents acteurs du secteur s’est également révélé être un problème, et pas seulement dans les pays les plus dépendants de l'aide internationale. L’adhésion globale des acteurs aux politiques, normes et lignes directrices en place constitue un élément essentiel pour une intervention adéquate. La Thaïlande, l’Afrique du Sud et l'Ouganda sont des cas intéressants en termes d'approches consensuelles. Par exemple en Ouganda, il y existe un cadre politique national fort soutenu par une approche sectorielle intégrée.
 
L’une des principales leçons de l’étude porte sur la façon d’amener les changements dans le secteur.  Les initiatives par projet ou programmes isolés ne fonctionnent pas. Pour parvenir à un changement réel, il faut envisager l’ensemble du système, y compris ses dimensions politiques, institutionnelles, législatives et les structures doivent être clarifiées et éventuellement ajustées pour permettre la prestation d’un service, plutôt que la simple construction d'infrastructures.

L’étude a identifié dix principaux facteurs de durabilité dans les services d’approvisionnement en eau en milieu rural :

1.      Une professionnalisation de la gestion communautaire, y compris l’adoption d’un statut juridique pour les comités d’eau, le développement de services d’appui et un suivi plus serré.
2.      Une reconnaissance et une promotion accrues d’alternatives à la fourniture de services, dont les petits opérateurs privés et l'auto-approvisionnement.
3.       La mise en place d’indicateurs et de cibles pour mesure la durabilité des services fournis et la performance des fournisseurs.
4.      La normalisation des approches de mise en œuvre définissant des cadres conceptuels ou normatifs communs au niveau national, ou  « règles du jeu », tout en permettant une souplesse dans la mise en œuvre.
5.      Un appui établi et financé pour les fournisseurs de service post-construction pour un renforcement et un suivi de la gestion communautaires ou des petits opérateurs privés.
6.      Un renforcement des capacités des collectivités décentralisées (autorités responsables) touchant aux fonctions principales du cycle de vie des services d'approvisionnement en eau en milieu rural.
7.       Appui à l'apprentissage et au partage d'expériences aux niveaux national et décentralisé.
8.       La planification de la gestion d'actifs réalisée systématiquement avec des prévisions financières et des mises à jour du stock.
9.      Des cadres adéquats de planification financière pour couvrir tous les coûts du cycle de vie, en particulier les dépenses en capital d’entretien et les coûts d’appui direct et indirect à la phase après construction.
10.  Une règlementation des services et des prestataires de services en milieu rural grâce à des mécanismes appropriés / agents de réglementation au niveau local.

Auteur : Sarah Garriger

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