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Publié le: 16/01/2014

 C’est le ministre de l’Eau et de l’Environnement,  M. Ephraim Kamuntu qui a relancé le débat avec un appel vibrant à tous les acteurs du secteur, les incitant à mettre la barre le plus haut possible et à cibler un taux d’accès de 100 %. Il a ainsi clôturé la réunion annuelle d’évaluation intersectorielle de l’eau et de l’environnement 2013 (29 – 31 octobre), tenue au Munyonyo Commonwealth Resort. Cet appel constitue l’une des trois initiatives phares proposées par le ministre.

Parmi les initiatives prévues pour 2013/2014, il avait été décidé d’augmenter le taux de couverture de 64 % à 66 %. Mais le ministre a objecté que cette cible impliquerait que 34 % de la population n’aurait toujours pas accès à de l’eau potable à un prix abordable.

Il a exhorté les participants à partir d’une approche fondée sur les droits de l’homme, selon laquelle tout le monde a droit à de l’eau potable à un coût abordable. Aussi, dans une perspective de droits de l’homme, les acteurs du secteur devraient viser un taux de couverture de 100 %, et c’est par rapport à ce chiffre que les performances devraient être mesurées. Ce qui veut dire que plus le chiffre actuel se trouve en dessous de cette cible, plus il faudra faire d’efforts pour l’atteindre.

« Sachant que 34 % de la population doit parcourir de longues distances à pied pour obtenir de l’eau, nous sommes obligés de débourser des sommes considérables pour pallier les effets néfastes du manque d’accès à de l’eau potable », a également remarqué le ministre.

 Il a énuméré certaines de ces conséquences, dont :

  • Des enfants non scolarisés ;
  • Des enfants souillés et sexuellement agressés lorsqu’ils vont chercher de l’eau à une source se trouvant à grande distance du domicile ;
  • Des femmes accablées par le poids des corvées domestiques ;
  • De nombreux cas de maladies liées à l’utilisation d’eau insalubre.

 M. Kamuntu a préconisé le captage de l’eau de pluie comme un système d’approvisionnement en eau potable sûr et fiable. Par ailleurs, il a recommandé de sensibiliser les populations à l’importance du maintien en état de marche des ouvrages d’eau. Il a décrié le défaut d’entretien des installations hydrauliques, entraînant la panne des systèmes seulement quelques années après leur construction.

Pour conclure, le ministre a souligné que la fourniture d’eau à tous les Ougandais dépendait pour une grande part de l’attitude positive et de l’engagement des parties prenantes, et de l’orientation des efforts.

Cet appel suit de très près une directive émise par le secrétaire permanent du ministère de l’Eau et de l’Environnement en novembre 2012, exhortant tous les responsables administratifs à assurer l’approvisionnement en eau potable dans TOUS les villages. La directive invite aussi les autorités locales à s’occuper en priorité de l’accès à l’eau dans tous les villages non couverts des zones rurales, les petits centres urbains et les institutions publiques au cours des deux exercices à venir – 2013/2014 et 2014/2015. Ces recommandations se justifient par le fait que le taux de couverture en eau et assainissement des zones rurales et des petites villes stagne autour de 64-65 % depuis plusieurs années.

 L’appel du ministre précède aussi de deux ans la date butoir de 2015 pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Dans ce cadre, le ministère de l’Eau et de l’Environnement s’était donné des objectifs précis concernant le taux d’accès à l’eau, à savoir 77 % pour les populations rurales et 100 % pour les populations urbaines. Selon les « indicateurs en or » du ministère, l’accès est mesuré en termes de pourcentage de la population ayant accès à une source d’eau améliorée située à moins d’un kilomètre de distance en milieu rural et à moins de 200 m dans les villes.

Certains problèmes qui entravent les progrès vers la réalisation des objectifs semblent très tenaces. Prenant la parole au nom des partenaires de développement du secteur WASH, son excellence l’ambassadeur du Danemark auprès de l’Ouganda, Monsieur Dan Frederiksen, a donné un aperçu des principaux défis auxquels le secteur doit faire face, dont :

  • La diminution des allocations budgétaires pour le secteur WASH– de 3,7 % du budget national en 2007/2008 à 2,4 % en 2013/2014 ;
  • La refonte des structures du ministère de l’Eau et de l’Environnement a pris du retard – le directorat de la gestion des ressources en eau (DWRM) manque de personnel et d’espace, tandis que la formalisation des structures de déconcentration (unités de soutien technique et zones de gestion des ressources en eau) n’a pas encore été achevée ;
  • Des capacités insuffisantes à l’échelon du district ;
  • L’approbation de la révision de la loi sur l’eau a pris du retard, ce qui influe sur le travail des zones de gestion des ressources en eau et des organismes de gestion des bassins versants ;
  • Des problèmes de gouvernance : retard du suivi des résultats et des recommandations énoncés dans les rapports d’audit et du rapport annuel du contrôleur général.

L’ambassadeur du Danemark a souligné la nécessité d’investir dans la réhabilitation et la réparation des ouvrages d’eau et d’assainissement usés. Il a aussi plaidé pour des normes plus exigeantes en matière de fonctionnement et de maintenance et pour un renforcement des capacités des conseils pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement (WSSB) et des organisations de coordination.

Face à cette tâche immense, de nombreux acteurs du secteur en Ouganda s’interrogent sans doute sur sa faisabilité ; est-ce qu’il est possible d’atteindre un taux d’accès à de l’eau potable de 100 % ? Que faut-il faire pour atteindre cette cible ambitieuse ? Quels sont les facteurs favorables et comment en tirer profit au maximum ? Quels sont les obstacles à franchir pour progresser et atteindre la cible ? Et si la cible est atteinte, comment pérenniser les acquis ?

Le programme IRC/Triple-S

Depuis son lancement en 2010, le programme Triple-S de l’IRC défend l’idée qu’il ne suffit pas d’augmenter le taux de couverture en eau potable, il faut aussi s’inquiéter de la pérennité des services d’approvisionnement en eau. Si on a donné la priorité à la construction de nouveaux ouvrages, c’est surtout parce que la demande d’accès initial a été très élevée, notamment en milieu rural.

Mais comme l’a très justement indiqué le ministre, M. Ephraim Kamuntu, les ouvrages tombent en panne bien trop rapidement. En Ouganda, le taux de fonctionnalité des systèmes hydrauliques des zones rurales stagne autour de 80 à 84 % depuis une dizaine d’années, taux qui est toujours inférieur aux 90 % ciblés par les OMD pour 2015. Ce qui implique que presque 14 % des ouvrages d’eau ruraux ne sont pas en état de marche et qu’une proportion importante de la population rurale n’est pas desservie. Afin d’assurer la pérennité des services d’eau en milieu rural, le programme Triple-S préconise de prendre en compte les trois points suivants :

  1. L’adoption d’une approche fourniture de service. Il s’agit de passer de projets isolés à des services viables à long terme. C’est-à-dire que les politiques, les institutions, la planification, le financement et la gouvernance du secteur concourent à mettre en place et à maintenir des services d’eau dans la durée au bénéfice des populations rurales ;
  2. Le soutien de l’apprentissage et des capacités d’adaptation pour une meilleure fourniture de service. C’est-à-dire qu’il faut stimuler la capacité du secteur à apprendre, à innover et à s’adapter à des circonstances et à des demandes changeantes afin d’assurer la fourniture de services continue aux populations rurales ;
  3. Une plus grande harmonisation et un meilleur alignement pour la fourniture de service. C’est-à-dire que les efforts aux niveaux opérationnel et national doivent être harmonisés entre eux et qu’ils doivent être alignés sur les stratégies du gouvernement en matière de fourniture de service aux populations rurales.

Article original : Minister proposes new way to measure sector performance, décembre 2013.

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