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Publié le: 07/06/2011

La défécation en plein air et les latrines dangereuses sont ensemble responsables d’un grand nombre de victimes occasionnées par les maladies liées à l’eau en Asie du Sud. En effet, entre 2008 et 2011, c’est à dire l'intervalle entre le SACOSAN III qui s'est tenu à New Delhi et le SACOSAN IV qui s’est achevé récemment à Colombo, 750 000 enfants de moins de 5 ont succombé à la diarrhée, la dysenterie et la jaunisse dans la région. En dépit de la Déclaration 2008 de Delhi par les gouvernements d’Asie du Sud qui reconnaissent l'accès à l'eau potable et à l'assainissement comme un droit de l’homme au SACOSAN III, les progrès dans l'assainissement restent tardifs et hétérogènes.
 
Bien qu’ayant de meilleurs résultats dans la plupart des domaines, l'Inde n’atteint que 68% de la couverture en assainissement de ses populations. La défécation en plein air reste un problème majeur de santé publique pour cette superpuissance économique émergente avec 6% de son PIB, (53,4 milliards de dollars), gaspillés chaque année en raison de la perte de productivité, la fourniture de soins de santé, et autres conséquences d’un mauvais assainissement - selon le Programme pour l’Eau et l’Assainissement de la Banque mondiale (WSP).

La série de conférences SACOSAN est une reconnaissance par les gouvernements de la région que l’investissement dans l'amélioration de l'assainissement peut réduire les dépenses de santé publique, ainsi que restaurer la dignité des populations pauvres et des exclus. On a pu constater une augmentation de la sensibilisation sur la nécessité d’un assainissement amélioré et ce surtout depuis que l’ONU a reconnu l’assainissement en tant que droit de l'homme et que les pays de la région se sont engagés à atteindre l'OMD 7. Cela a amené de nouveaux espoirs pour les peuples de la région, surtout pour les plus pauvres.
 
Cela a été illustré par les récits de Himani Mistry de Sunderbans au Bangladesh and K. Rajamouli de Gangadevapalli (Andhra Pradesh) en Inde. Himani a décrit comment son village faisait face aux problèmes causés par les catastrophes naturelles, notamment en raison de l'eau de mer. S’étant rendu compte que l'assainissement est un droit de l’homme, Himani a décidé de sensibiliser les autres à ce sujet.

Pour elle, cela signifiait être libéré du fléau constant des maladies de la peau qui étaient contractées pendant la menstruation, et du traitement coûteux qui devait être recherché dans les hôpitaux éloignés. Rajamouli  a raconté comment il a amené son village à réaliser le statut d'assainissement total, à se libérer du travail des enfants et à atteindre 100% d’alphabétisation. Il a également aussi mis en avant le fait que les communautés ne peuvent pas  y parvenir seules :"le micro-plan de chaque communauté doit être soutenu par le gouvernement et les instances locales doivent disposer des moyens nécessaires pour obtenir les meilleurs résultats".

Le point de vue de Rajamouli était plus que justifié par les succès du projet pilote d'Orangi au Pakistan, et l’approche d’assainissement total piloté par la communauté qui a permis au Bangladesh de réduire la défécation en plein air de 42% en 2003 à 6% en 2011.
 
L'absence d'assainissement n'est pas seulement gênant. Pour les femmes en Asie du Sud patriarcale, cela signifie la suppression d'une envie naturelle et de se débrouiller avec des moyens de fortune. En cas de catastrophe, quand les gens doivent être regroupés dans des camps de secours surpeuplés, ce sont les femmes qui souffrent le plus.
 
Les questions liées à l’eau, assainissement et hygiène en milieu scolaire ont été représentées graphiquement dans un sketch présenté par les enfants sri-lankais. C’était touchant de voir les adolescents surmonter leur timidité et de parler d'un problème qui empêche des millions de personnes en Asie du Sud de fréquenter régulièrement l'école parce qu’ils ne peuvent se soulager en plein air. L’exclusion dans le contexte de l'égalité entre les sexes a mis en lumière les besoins des personnes handicapées physiquement. Le succès du Népal à introduire des concepts faciles d’utilisation pour le fauteuil roulant a tellement inspiré les autres nations participantes qu’une mention spéciale a été portée à la Déclaration de Colombo afin d’introduire des dispositions spéciales pour établir des modèles pour les exclus.

Il est également intéressant de savoir comment les toilettes ECOSAN sans odeur pouvaient servir à remplacer les latrines à fosse à forte émission de carbone, et être une aubaine dans les zones côtières et les îles qui ont une nappe phréatique peu profonde (puisque les eaux souterraines peuvent être facilement contaminées par de les déchets humains provenant des latrines).
 
Opter pour un assainissement amélioré peut aussi servir de solution au problème de l'intouchabilité qui frappe le Pakistan, l'Inde et le Bangladesh, comme cela est déjà fait par Sulabh International  à  travers leur réseau de toilettes. Cela peut aussi servir à apporter plus de reconnaissance à ceux qui, traditionnellement, nettoient et entretiennent les toilettes et les égouts. Comme l’a affirmé un professionnel de la société civile lors de la conférence, « Pourquoi ne pas assigner une valeur à leurs services, et leur permettre de tirer profit de l'entretien des toilettes publiques ?"
 
Bien que cette conférence réunissait plus de 450 délégués de la région et traitait d’un objectif de développement du millénaire avec des répercussions directes sur la santé publique, la couverture médiatique et la publicité en général ont été catastrophiques. Avec les chefs d'Etat désireux d'augmenter les allocations pour l'assainissement, et SACOSAN mis en place dans le cadre du processus SAARC (coopération régionale), il est grand temps que les médias  s’intéressent à un sujet aussi crucial.

Par Rina Mukherji, journaliste freelance

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