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Publié le: 27/07/2011

Le goitre est une augmentation de  la glande thyroïde due à plusieurs causes dont la carence en iode dans l’alimentation et dans l’eau de boisson.

Pour ce cas précis et réel, il s’agit d’une apparition brusque de goitre chez toute une population qui consommait l’eau d’un puits pourtant  utilisé depuis  trois à quatre décennies dans le village de Kandaga, situé à 70 km à l’ouest de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Nul ne pouvait en donner avec exactitude les causes.

Le vieux Gani, dans le village de Kandaga, avait  creusé un puits devant sa cour.  Pendant plus de trente ans toute la population des alentours, dans un rayon d’environ  500m, s’y  approvisionnait.  C’était un puits intarissable, et il  n’était pas rare de voir d’autres habitants venir y  prendre de l’eau  lorsque la saison sèche et chaude étaient installées.  Les riverains du puits exprimaient souvent leur joie de ne connaître aucun problème d’eau. Mais,  il y a quelques années, une situation dramatique survint.  En un mois, la majorité de ceux qui buvaient l’eau de ce puits  avait  poussé un goitre. Chose curieuse ! Hommes, femmes, enfants, personnes n’était à l’abri.

Tous les jours, on constatait avec regret, l’évolution du mal. Il fallait trouver un remède, mais avant tout, les causes. Chacun pensait  à une malédiction ou à un sort,  et les avis étaient divergents.  Un fils du village qui travaille à Ouagadougou, a eu le bon réflexe d’aller demander conseils auprès des  pharmacies de la place pour trouver un remède. . Fort heureusement, ce fameux «  Baume IKI » existait à l’époque.  De nombreuses boîtes ont été envoyées au village et les résultats ont été très vite concluants au grand bonheur de tous. Malheureusement,  un an plus tard, le mal est revenu.

La population  avait remarqué la présence en grande quantité de filaires rosâtres  dans l’eau du puits et tout le monde était unanime pour accuser  les manes des ancêtres de polluer l’eau, parce qu’ils voulaient  qu’on leur offre des sacrifices. Des poulets ont été égorgés pour la cause, mais sans succès. Ceux qui avaient les moyens de s’acheter le « Baume IKI » avaient repris les soins. Cela dura encore des années, et  chaque malade donnait l’impression  de présenter un gros jabot en lieu et place de la glande thyroïde.

Un beau jour la population, fatiguée, décida de fermer le puits parce que son eau était devenue impropre à la consommation. Pour elle,  les vers présents dans l’eau  étaient la cause de leur problème de santé. Ceux qui,  à l’époque, étaient instruits pensaient plutôt à un manque de  sels  minéraux tels le chlore ou l’iode dans l’eau. Le problème n’a jamais été élucidé.

Il fallait choisir.  La fermeture du puits a fait place  aux difficultés d’approvisionnement en eau :   pas de forage, ni de bon puits. Depuis cette date la population  est  obligée d’aller plus loin pour avoir de l’eau.  Jusqu’à ce jour,  on trouve dans ce village des gens qui  n’ont pas pu se débarrasser de ce type de goître.

Justine Ouédraogo, documentaliste, IPD/AOS-Burkina

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