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Publié le: 19/09/2013

 

Ma première impression est extrêmement positive. On peut clairement retenir du séminaire  que le cœur des débats et les objectifs affichés continuent d’évoluer. On observe aussi des signes de changements dans les actions menées. Le concept de la pérennité des services d’AEP a vraiment évolué.

Et même si, comme cela a été indiqué lors du colloque, cette notion est encore plutôt vague, on arrive de mieux en mieux à la fragmenter en ses différentes composantes et à déterminer ce que « pérennité » signifie dans la pratique : planifier et fournir des services d’eau et d’assainissement sur le long terme et assurer le suivi de ces services dans le temps (et non uniquement des infrastructures), réguler et appuyer les opérateurs de services, remplacer les ouvrages au fil des années. Comme l’a résumé en conclusion du colloque Jae So, responsable du Programme Eau et Assainissement (WSP) de la Banque Mondiale, depuis le dernier forum, en janvier 2011, « nous avons, ensemble, fait d’importantes avancées ces dernières années pour créer un cadre commun permettant de parler des services pérennes ». C’est formidable d’obtenir la reconnaissance et l’approbation d’une grande institution du secteur comme le WSP.

Malgré quelques prévisibles problèmes techniques inattendus du coté audio et vidéo, le Forum sur la Pérennité de l’AEPHA a débuté en flèche par une éclairante allocution de José Louis Irigoyen de la Banque Mondiale. En tant qu’hôte du colloque, il a soutenu le concept de l’investissement non seulement dans l’infrastructure, mais aussi dans les institutions délivrant le service, et plus particulièrement avec les gouvernements en place. En fait, le colloque était calibré par les représentants seniors de la Banque Mondiale et du WSP, dont ceux du Water Anchor. Il est toutefois regrettable que le colloque n’ai pas pu accueillir plus de personnels des banques, tels que les Leaders de la Task Team, afin qu’ils partagent leurs principales expériences et connaissances en la matière.

 

Globalement, le colloque a rassemblé un groupe important, motivé et actif de près de 150 personnes représentant quelques 80 organisations. Ainsi des points de vue et expériences variés ont pu être échangés. J’ai aussi remarqué qu’aux côtés des anciens déjà présents en 2010 et 2011, de nouveaux visages ont rejoint la discussion. Ceci était très encourageant.

L’un des meilleurs moments de la journée, et de près de la moitié du programme – une évolution des précédentes éditions –, était le rassemblement de gouvernements du monde entier dans une même pièce.  Et leur permettait de se trouver au premier plan dans les débats et discussions.

Des représentants des ministères compétents, de gouvernements locaux et d’instances de réglementation venant du Honduras, de Guinée, du Bangladesh, d’Albanie et d’Ouganda étaient présents. Ceux-ci ont présenté les principaux objectifs qu’ils souhaitaient voir soutenus et ont aussi apporté des témoignages encourageants sur la façon dont les gouvernements peuvent donner l’impulsion nécessaire, la vision ainsi que les cadres pratiques permettant d’avancer vers la fourniture de services pérennes aux populations rurales et péri-urbaines.

J’ai été particulièrement heureux de remarquer comment le travail du Commissaire Kabrizi du Service de l’Eau Rurale du Ministère de l’Eau et de l’Environnement en Ouganda a été reconnu comme un exemple brillant des bonnes pratiques en Afrique et dont nous pouvons tous à apprendre quelque chose.

En tant que principal partenaire de l’initiative Triple-S en Ouganda, nous savons tout ce que le gouvernement a entrepris pour mettre en place un environnement favorable à la fourniture de services. Bien qu’en Ouganda, ce secteur soit encore confronté à de multiples défis, il n’y a aucun doute quant aux nombreux succès réalisés dans la mise en place d’approches et de cadres permettant d’aborder les services d’eau ruraux à différents niveaux et de manière systématique.

L’une des plus impressionnantes, également désignée comme exemplaire lors du colloque, est le système national de suivi et ses onze « golden indicators/ indicateurs d’or ». Une fois le colloque terminé, j’ai profité de mon séjour à Washington pour rendre visite à des acteurs importants du secteur avec Nico Terra (Directeur d’IRC) et Patrick Moriarty (chef du Programme International et Directeur du Projet Triple-S) pour présenter officiellement IRC et discuter de la possible ouverture d’un bureau ou d’une représentation américaine, un projet qui a le plus souvent été accueilli avec enthousiasme.

Nous avons eu des discussions très instructives avec l’équipe (largement) renouvelée d’USAID et pris connaissance de leur nouvelle Water Strategy qui a été longuement travaillée, et qui sera mise en œuvre très prochainement – je souhaite que la plupart des fondements de la fourniture de services pérennes seront présents dans ce document et que l’idée selon laquelle l’aide au développement dans notre secteur peut être évaluée sur la base du nombre de système construits ou de « personnes touchées » s’estompe petit à petit.

Nous avons également eu une rencontre très intéressante avec l’un des points focaux de la Banque Mondiale pour le groupe thématique sur les services d’AEPHA pérennes. Elle a mis en avant des travaux innovants menés en Amérique centrale avec les gouvernements locaux et soutenus par la Banque qui agissent dans le domaine du suivi à travers le programme SIASAR.

La Banque Mondiale est une organisation massive et il est souvent difficile d’avoir une vue d’ensemble compréhensible de leurs actions dans le domaine des services d’AEPHA. Il semble ressortir de ces discussions qu’il y ait toujours de faibles mais significatifs financements en Amérique latine et dans les Caraïbes, mais que le domaine de l’eau en milieu rural demeure un domaine faiblement représenté ou non prioritaire dans d’autres centres régionaux.

Le domaine semble avoir été plus ou moins abandonné par le Water Anchor, ce qui est regrettable. De même qu’USAID, la Banque Mondiale est en train de finaliser un nouveau document de projection pour l’eau qui devrait annoncer sa position vis-à-vis du secteur pour les dix prochaines années.

Nous avons appris que l’un des quatre piliers de cette projection prenait en compte le domaine des besoins en ciblant explicitement les plus démunis. Etant donné que la plupart des personnes non desservies ainsi que la plus part des plus pauvres dans les pays en voie de développement vivent en zone rurale, nous espérons que ce déséquilibre dans le portefeuille des prêts de la Banque soit pris en compte dans cette nouvelle stratégie Eau.

Pour revenir à mon défi initial posé aux organisations du secteur ayant participé à ce colloque, il est clair qu’à lui seul cet événement n’aboutira pas à un changement de cap radical d’aucun des partenaires de développement.

Mais d’après certaines conversations auxquelles j’ai participé ou auxquelles j’ai simplement assisté, il semblerait que nous ayons réalisé l’objectif consistant à rassembler des personnes pour réfléchir et penser aux problèmes ainsi qu’à la manière dont leur travail et leurs investissements sont liés à ceux des gouvernements des pays dans lesquels ils opèrent.

 

Comme je l’ai dit au début, ce n’est rien de nouveau pour certains, dont ces opérations sont leur pain quotidien, mais pour d’autres, j’espère que cela leur apportera de nouvelles idées sur leurs rôles et activités. Voyons ce que les douze prochains mois apporteront et surveillons de nouveaux signes de changement.

Par Harold Lockwood, Aguaconsult et Triple-S

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