Publié le: 12/02/2018
C'était important pour IRC d'être présent au forum national de l'eau et de l'assainissement ?
Comme vous le savez, le forum national de l'eau est à sa troisième édition. C'est un événementiel qui est organisé chaque trois ans en amont du forum mondial de l'eau dont la huitième édition aura lieu cette année au Brésil. Donc ce forum national permet aux acteurs burkinabè de toutes les catégories que nous sommes de nous retrouver pour partager nos expériences, identifier nos difficultés et se donner les idées pour avancer. Le gouvernement a pris l'engagement aux côtés de la communauté internationale pour qu'à l'horizon 2030 tous les Burkinabè puissent avoir accès à l'eau et à l'assainissement. En plus de cela, l'eau et l'assainissement sont reconnus aujourd'hui comme étant des droits sociaux-économiques comme les autres secteurs, d'où l'importance d'une telle rencontre.
Alors quel a été l'apport spécifique de IRC pendant ces échanges d'idées qui ont regroupé des acteurs de près de 160 pays ?
Vous savez que IRC est un centre d'expertise où nous développons beaucoup d'approches. Nous cherchons beaucoup de solutions pour résoudre les problèmes qui se posent au niveau du secteur de l'eau. Et c'est en cela que dans le cadre de ce forum-là, nous partageons ce que nous avons comme expériences ou solutions qu'on a développées, celles qui ont bien marché ici au Burkina ou dans d'autres pays où IRC intervient. Nous aidons aussi les organisateurs dans la structuration des débats, dans l'identification des participants afin que le forum puisse produire les résultats escomptés.
Au niveau des communications sur quoi précisément vous allez axé vos interventions au cours de ce forum ?
Dans le cade de ce forum, nous intervenons, sous plusieurs formes mais j'en citerai quatre essentiels. D'abord nous allons faire des communications pour parler de ce que nous faisons. La mission Fas'eau a été présentée dans la session thématique qui a eu lieu samedi 3 février pour présenter ses objectifs et ce qui est attendue de la mission. Nous avons aussi d'autres communications sur les projets Fasotoilettes et la planification stratégique. Nous avons également une participation sous forme de modération car nous modérons certaines sessions. Par exemple, IRC a participé à la modération jeudi (1er février) sur les financements innovants dans le secteur de l'eau et de l'assainissement. Cela est très important à souligner car les activités de modérations permettent de faire en sorte que les participants puissent tirer la meilleure partie de ce qui se dit. Donc, orienter les débats, aider à comprendre les interventions, faciliter les échanges, tirer les principales recommandations qui seront capitalisées, IRC contribue à ces niveaux.
Ensuite nous participons aussi aux rapportages de sessions afin de produire les bonnes recommandations pour enrichir les rapports du forum. Nous avons aussi un stand que nous animons à travers lequel nous communiquons avec tous les participants sur ce que IRC fait et sur ce que tous les partenaires de IRC font aussi parce que c'est aussi l'occasion de développer les partenariats, de monter des synergies d'action car c'est ça aussi qui permet d'avoir des résultats. Avec ce forum, nous avons le seul exemple de rencontre où des médias, des Organisations de la société civile (OSC) et des ONGs se mettent ensemble pour pouvoir promouvoir les droits humains à l'eau et à l'assainissement. Et cela fait beaucoup de curiosité et beaucoup de gens viennent pour s'informer.
A travers cette manifestation nous appuyons le ministère de l'Eau avec l'appui de l'Unicef afin de pouvoir communiquer les cinq programmes opérationnels qui constituent la nouvelle politique nationale de l'eau pour aller vers 2030 avec l'accès universel. Pour cela nous avons produit des supports que nous avons résumés sous forme de plaquettes que nous distribuons aux participants pour faciliter l'appropriation par les acteurs du secteur. Nous contribuons aussi aux trophées de l'eau. Il y a eu dans la soirée du vendredi 2 février la cérémonie de remise de trophée de l'eau organisée par le partenariat national de l'eau en collaboration avec le ministère. IRC aussi est partie prenante de cette activité qui se mène dans le cadre du forum qui a permis d'identifier un certain nombre d'acteurs qui ont contribué véritablement à faire connaître les causes du secteur de l'eau au-delà des acteurs traditionnels.
Etes-vous satisfaits du nombre des visiteurs au niveau de votre stand ?
Oui ! La fréquentation du stand est très satisfaisante. Les premiers supports que nous avons produits ont été épuisés dès la première journée. Donc nous avons recommandé d'autres éditions qui sont arrivées et que nous continuons à mettre à la disposition donc des participants du forum. En tout cas, le stand reçoit beaucoup de visiteurs. Nous avons encouragé aussi d'autres intervenants qui ne sont pas forcément du secteur à venir participer au forum par la location de stands. Je citerai par exemple la compagnie de transport Elitis express qui a innové en mettant à la disposition des voyageurs des bus équipés de toilettes car tout cela fait partie de la réalisation des droits à l'assainissement.
Ce forum n'est-il pas un forum de trop ?
Ce forum est à sa troisième édition après les deux précédentes de 2012 et 2015. Cette rencontre est une tribune qui permet d'amorcer le dialogue entre l'Etat, la société civile et les opérateurs privés. Au vu de tout ce qui est présenté comme communications et de tout ce qui est exposé à travers les stands comme solutions développées, on voit qu'il y a un plus. J'ai suivi par exemple la session sur les financements innovants, on voit qu'il y a des idées qui sont ressorties et qui vont permettre à l'avenir de mobiliser davantage de ressources financières pour pouvoir réaliser les objectifs du secteur de l'eau et de l'assainissement. Aujourd'hui tout le monde sait que l'Etat seul ne peut pas avoir de l'argent pour tout le monde pour que chacun puisse se construire une latrine. Mais à travers le forum, beaucoup d'initiatives ont été présentées, et qui permettront de mobiliser des ressources à travers la solidarité et bien d'autres mécanismes pour financer les ouvrages d'assainissement. Et donc les participants à cette rencontre estimés à plus de 300 personnes intégreront désormais cela dans leurs activités. Et donc ce n'est que comme ça qu'on fera des progrès. Depuis 2012 à maintenant on voit bien qu'il y a des progrès qui ont été faits dans le secteur eau et assainissement.
Qu'est-ce qui sera fait pour que les recommandations de ces échanges puissent être mise en œuvre quand on sait que généralement beaucoup de propositions de solutions dorment dans les tiroirs ?
IRC travaillera à ce qu'il y ait effectivement un mécanisme de suivi des recommandations qui seront formulées lors de ce forum. Le bilan des recommandations du forum passé a été présenté jeudi par le ministère et il est ressorti qu'on a mis en œuvre à peine le tiers des recommandations qui avaient été émises. Donc on ne va plus retomber dans ça. Au sortir de ce troisième forum, nous allons plaider et agir pour qu'on mette en place un mécanisme multi-acteurs incluant donc aussi bien les acteurs étatiques, les opérateurs privés et les OSC, pour qu'on mette en place ce cadre qui permet de faire le suivi des recommandations issues de ce forum et aussi d'assurer la veille pour que le secteur de l'eau puisse progresser selon les vœux des acteurs que nous sommes.
Nous avons constaté que les médias ne sont pas inclus fortement dans les activités de ce forum. Nous souhaitons que dorénavant on ait plus d'acteurs de média qui fassent partie des acteurs du forum, qui communiquent et qui relaient l'information. Qu'au-delà de la couverture médiatique, ce qui est dit ici puisse être porté à la connaissance de l'ensemble des Burkinabè. Lorsque c'est comme ça on sait que la conscience citoyenne va davantage se développer et s'éveiller, et cela va obliger tous les intervenants du secteur à redoubler plus d'efforts pour plus d'efficacité dans les actions conduites.
Par Mathias BAZIE, Wakat Séra